Parcours d'une production artistique moderne et contemporaine au Maroc


"Le Maroc, riche de son identité plurielle aux multiples affluents linguistiques et ethniques, possède un patrimoine culturel et artistique digne d'admiration. Il appartient donc au secteur culturel de traduire concrètement cette diversité" 

(extrait du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion de la Fête du trône en 2013)


La peinture marocaine naît au début du XXème siècle, grâce à l'apport de nombreux artistes étrangers. Mais c'est réellement peu avant l'indépendance du Royaume, vers les années 1950, que le Maroc assistera à l'émergence de talents qui deviendront ensuite les pionniers et les fers de lance de l'art marocain.

Ainsi, c'est au début du XXème siècle que l'on assiste au Maroc à l'introduction de l'image photographique et à l'apparition spontanée du peintre individuel. Un peintre autodidacte qui commence à tourner le dos aux différents répertoires de signes et symboles constitutifs des arts traditionnels intimement liés aux supports architecturaux, aux corps ou aux objets utilitaires. L'artiste moderne est né et travaille à affirmer sa vision subjective du monde extérieur.

La création contemporaine marocaine est spécifique. Les artistes ont su tirer profit du fait que leur pays ait toujours constitué un carrefour culturel et artistique entre l’Afrique, l’Orient et l’Occident.
La peinture contemporaine marocaine a pris son essor dans les années 1920, mais s’est réellement affirmée au cours des années 1960, suite à la création de l’École des Beaux-Arts à Casablanca. 

À partir des années 1970, les artistes désirent dépasser les limites qui leur sont imposées par un régime politique autoritaire et souhaitent s’en libérer. Ils choisissent de travailler sur la finalité de l’art en Terre d’Islam.

Mais la notion d’art contemporain marocain apparaît réellement au cours des années 1990 grâce à un nouvel élan de créativité. Le royaume se trouve face à un tournant décisif et irréversible dans le domaine de la création artistique. Il est important de noter que l’art contemporain ne succède pas à l’art moderne par effet de rupture. Mais il est bien l’héritier de l’hybridité créative des démarches des artistes. Les créateurs marocains ont une référence occidentale universelle et incontournable qui s’oppose à leur riche histoire patrimoniale.

Ainsi, la jeune génération souhaite inscrire sa démarche créative dans une logique qui rompt avec la peinture comme art plastique par excellence tout en gardant les mêmes préoccupations esthétiques.
Dès 2002, de nombreuses galeries, maisons de ventes et institutions voient le jour au Maroc. L’ouverture de ces différents lieux au sein du pays a permis d’offrir une meilleure visibilité aux artistes, mais aussi une meilleure circulation des œuvres.

La culture marocaine est puissante et diversifiée. Mehdi Qotbi, président de la Fondation Nationale des Musées du Royaume du Maroc, a déclaré : « Elle est à la fois juive. Elle est à la fois berbère. Elle est à la fois romaine. Elle est la fois musulmane. » Cette culture multiple rend le Maroc spécifique, les artistes élaborent une recherche identitaire due au passé de leur pays.

La création contemporaine marocaine interroge le vécu. Il s’agit d’un voyage entre le temps et l’espace qui invoque la mnémonique dans le but de déstructurer le futur. Les sujets les plus récurrents que l’on retrouve traitent de la mémoire, de la place du corps, de la société, mais aussi de la politique au sein du royaume marocain, ce qui fait de cette création un art contextuel et conceptuel. Les artistes cherchent à résister face aux interdictions que leur impose le régime du pays, particulièrement sous le règne du Roi Hassan II, roi du Maroc de 1961 à 1999, c’est pour cette raison que le genre dominant de la création marocaine est l’abstraction.

Les artistes s’inspirent de la culture de leur pays, ils s’interrogent sur ce qui se trouve autour d’eux, sur les images et les symboles emblématiques du Maroc. Un imaginaire total et multiple se crée ; la poétique est importante, elle conditionne l’élaboration et la réception de l’œuvre d’art.
Les créateurs marocains s’alimentent les uns les autres afin d’enrichir leur travail. Le Maroc a su tirer profit du fait qu’il soit un carrefour culturel et artistique. Certains artistes ont eu pour inspiration les écoles européennes tandis que d’autres se sont orientés vers les Etats-Unis.
Ces résidences dans différents pays ont permis aux artistes d’acquérir une nouvelle forme d’inspiration qu’ils associent à leurs racines. Leur création n’a cessé d’évoluer, entre une culture traditionnelle et une culture occidentale.

En parallèle, le patrimoine arabe, comme la calligraphie, a inspiré de nombreux artistes occidentaux tels Hartung ou Soulages. L’émergence de l’art contemporain au Maroc se réfère comme une entité plastique nationale qui est une mémoire visuelle de la tradition, mais réellement tournée vers l’avenir. En France, les dernières ventes aux enchères qui ont présenté l’art marocain ont eu du succès auprès des amateurs et collectionneurs.

Le Maroc est une société moderne qui met en valeur sa culture traditionnelle. La création artistique est florissante et stimule l’ouverture de l’accès à la culture dans le pays.
Depuis quelques années, le pays change, évolue. Le Maroc se valorise grâce à la thématique commune du Monde Arabe qui prône l’échange, l’enrichissement culturel et la recherche. Ainsi, le pays s’appuie sur son histoire pour servir la création.

Le Maroc cherche à mettre en avant l’art. En octobre 2014, et après dix ans de travaux, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain a ouvert à Rabat. Il s’agit de la première institution muséale à se consacrer entièrement à l’art moderne et contemporain. Sous la direction d’Abdelaziz Idrissi, le musée a pour volonté de présenter l’évolution de la création artistique marocaine du début du XXe siècle à nos jours.

Bibliographie : "Le Maroc futur Eldorado de l'art contemporain" AMA, Rabat 2015 (extraits)
"Musée Mohammed VI, Art moderne et contemporain" par Medhi Qotbi et Mohamed Rachdi

Posts les plus consultés de ce blog

Jilali GHARBAOUI (1930-1971)

Abdelkebir RABI (1944)

Mohamed BEN ALI RBATI (1861-1939)